Église Saint-Martin

L’église Saint-Martin est un édifice modeste, mais représentatif de la Sologne.

Elle se compose d’une nef unique de 15 mètres de longueur par 7,50 mètres, prolongée par un chœur plus large, de 10,50 mètres de longueur par huit.

 

La nef est une construction datable du XIIe siècle, bâtie en petits moellons irréguliers* et matériaux de récupération divers (on a même retrouvé dans les murs des loupes de fer). La pierre de taille (calcaire lacustre) est réservée aux chaînes et encadrements.

La porte ouest est romane : arc en plein cintre extradossé d’un cordon en pointes de diamant (encadrements remaniés). Elle est surmontée d’une étroite fenêtre assez archaïque voûtée en canonnière sans feuillure, qui vient d’être rouverte et ornée d’un vitrail de création.

Les traces des 2 autres fenêtres romanes semblables ont été découvertes et préservées sur les murs sud et nord de la nef. Une belle « porte des morts » en anse de panier a également été découverte au sud. Les fenêtres actuelles, dotées de vitraux, ont été percées au plus tard au début du XXe siècle. 

L’ensemble a retrouvé en 2003 un enduit à la chaux et des encadrements en tuffeau.   

 

Le chevet, flanqué de contreforts en briques à appareillage losangé, est caractéristique du début du XVIe siècle. Le piquetage des enduits a révélé au sud 2 grandes baies en arc segmentaire (datables du XVIIe ou XVIIIe siècles). La sacristie a vu sa couverture restaurée en tuiles plates et sa porte reprise en pierre de taille et linteau en chêne.

 

L’église est dotée d’un petit clocher de charpente (XVII?) surplombant la façade ouest. Les toitures de la nef sont aujourd’hui couvertes en ardoise, alors qu’elles étaient à l’origine en tuiles de pays, comme la sacristie (bâtie à la fin du XVIIIe ou au début du XIXe siècle).

Intérieurement, l’église est dans son état du XIXe siècle. Si la charpente du XVIIe a disparu, l’édifice possède encore une intéressante charpente du XVe ou du XVIe siècles, aux entraits ornés d’engoulants assez naïfs, les poinçons et la voûte en bois ont été modifiés plus tardivement pour finir au XIXe siècle sous une voûte surbaissée en plâtre sur lattis. Une ferme complète du XVe  au poinçon mouluré avec base et chapiteau, est cachée entre le mur pignon ouest et le clocher.

 

Si les enduits intérieurs ont été refaits, il y a quelques années, les travaux exécutés en 2002 et 2003 ont permis de retrouver des vestiges de peintures murales à l’ouest, en débouchant la fenêtre romane (occultée lors de la pose du clocher). Un décor de faux appareil à doubles joints ocre rouge est encore bien visible. 

L’église conserve l’essentiel de son mobilier postérieur à la contre-réforme : chaire, autel à rétable (orné d’une Charité de Saint-Martin, copie de 1867) et fonts baptismaux.

Frédéric Aubanton, architecte

* Les murs enduits caractérisent les églises romanes de Sologne. Dépourvue de pierre, la Sologne attend la deuxième moitié du XVe siècle (la prospérité et la reconstruction du royaume après la guerre de Cent ans) pour voir se développer la production de la brique. Elle sera d’ailleurs réservée, jusqu’au XVIIIe siècle, aux édifices majeurs.

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